Jura : des projets de villages de marques poussent comme des champignons “vénéneux”

Deux projets de villages des magasins d’usine proches du Jura ont poussé poussent comme des champignons. “Marques Avenue” du côté de Beaune (Côte-d’Or) et “Bergerac Outlets” pour Bellegarde (Ain). Les commerçants jurassiens craignent l’intoxication alimentaire.

Revue de Presse

Projets de village des marques : le "aïe aïe aïe" jurassien

Deux projets de villages des marques (à la façon Troyes) ont été déposés. Un "Marques Avenue" du côté de Beaune (Côte-d’Or) et un "Bergerac Outlets" pour Bellegarde (Ain). Les commerçants jurassiens inquiets sont prêts à se mobiliser.

Depuis que la nouvelle est tombée, nombreux sont les Jurassiens à se frotter les mains : dans un avenir relativement proche, ils pourraient voir arriver un village des marques dans un rayon de moins de 200 kilomètres. Le concept : des "surstocks", surtout de vêtements, des collections précédentes des grandes marques, à prix cassés. Exit les expéditions à Troyes (entre 2h30 et 3h30 de route selon la ville jurassienne de départ) ; Dole pourrait être à moins d’une heure de l’un des sites. Des sites, il y en a deux en projet : un à Bellegarde, dans l’Ain, du côté de Priay, déposé par l’anglais « Bergerac Outlets » (18 000 m2, 75 boutiques et création de 600 emplois), et un autre à Levernois, à côté de Beaune, en Côte-d’Or (89 boutiques), présenté par la société "Concepts et diffusion", leader des magasins d’usine qui possède neuf centres "Marques Avenue", dont celui de Troyes. Du côté des commerçants du Jura, en revanche, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe… quand elle n’est pas passée complètement inaperçue. Michel Dronier, président de la Fédération jurassienne du commerce, l’a appris mercredi et a immédiatement donné l’alerte à ses homologues des départements voisins ainsi qu’à la Fédération nationale, dont il est le trésorier (lire ci-dessous). Les autres commerçants, représentants d’une union commerciale ou non, n’étaient pas au courant ou ont confondu avec un autre projet, prévu pour Tournus (Saône-et-Loire) mais retoqué il y a un an. Lequel est peut-être d’ailleurs celui qui revient sur le tapis. "On a des craintes à avoir, reconnaît Éric Nicolas, patron de deux magasins de vêtements (sports et marques) à Lons. Ces magasins sont attractifs c’est vrai, mais ça dénature nos métiers : on passe un peu pour des "brigands" face à leurs prix, mais ça reste des soldes des saisons passées. Pour moi c’est de la concurrence déloyale ! Déjà que pour Troyes, les comités d’entreprise remplissent des bus entiers… "
"Aïe aïe aïe, renchérit Annie Bertin-Mourot, présidente doloise des magasins "Client Roi", adhérente d’ "Unidole" et propriétaire d’une boutique de lingerie depuis 25 ans. On s’est battus contre un supermarché Leclerc, on attend déjà une zone commerciale avec dix boutiques de 1000 m2, et maintenant ça ! On va déguster. Qu’est-ce qu’on peut faire si le projet est bouclé et que tout se décide en Côte-d’Or ? Je ne sais pas ce qu’on va faire, mais on va faire quelque chose !" "Tout le monde va être unanime ! poursuit Sylvie Luquot, présidente de l’association des commerçants de Morez. On pensait être tranquilles depuis que le dernier projet avait été abandonné ; là ça fait peur. A Troyes, il y a les marques de mon magasin de vêtements, je sais que les gens de Morez y vont. Ça peut faire mourir nos commerces, en tout cas ça ne peut que faire du mal, déjà que les gens n’achètent plus à côté de chez eux. On a déjà subi de grosses pertes sur le week-end : tout le monde va au nouveau centre commercial de Val-Thoiry." Même son de cloche à Saint-Claude, où Sylvie Dalloz, secrétaire de l’association des commerçants, "tombe des nues. Il y en a qui vont faire des bonds, on n’était pas du tout au courant" et à Champagnole. "On est complètement opposés à ce genre de sites, insiste Bernard Morilhat, président de l’Union des commerçants. Ce n’est pas du tout le moment, avec la crise, et c’est loin d’être opportun." Le projet de l’Ain pourrait être officialisé d’ici la fin mars ; quant à celui de Beaune, il serait à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la Commission départementale (CDAC) de Côte-d’Or, le 10 mars. Ce qui laisse un bon mois aux commerçants jurassiens pour s’organiser. Delphine Givord
"Il faut qu’on se rassemble pour faire connaître notre contestation" Michel Dronier, Lavans-lès-Saint-Claude, président de la Fédération jurassienne du commerce "Je ne suis que très peu au courant, j’ai été averti par la Fédération de l’Ain. J’ai alors appelé la Chambre de commerce du Jura et les commerçants de Saône-et-Loire, qui n’étaient même pas au courant non plus. On avait monté un collectif, avec des élus, pour le village de Tournus, il a été annulé et le revoilà à Beaune. Le combat a été mené avec la Fédération française des associations de commerçants, dont je suis le trésorier, et je pense qu’on a pu peser dans la balance. Aujourd’hui, même si le projet est avancé et qu’on vient d’avoir l’info, on va faire un document commun qu’on enverra à la Préfecture de Côte d’Or en signe de contestation, j’ai donné l’alerte aux autres départements. Ce qui est nouveau cette fois, c’est qu’avec cette nouvelle loi de modernisation économique, les chambres de commerce et donc les commerçants n’ont pas été avertis. On n’a plus de temps devant nous, tout est déjà prêt, ça arrive comme ça en catimini et ça finira par passer ! Pour réagir maintenant, ça va a priori être difficile. Leur choix est bizarre : Beaune et Troyes ne sont pas loin, le nouveau deviendrait concurrent et tout se diluerait sur Dijon, où vont déjà beaucoup les Jurassiens. Compte tenu de la fragilité actuelle du domaine du vêtement, les magasins de proximité seront d’autant plus malmenés. Le choix du site n’a pas partout le même impact : là, tout le Jura est à portée, les distances sont raccourcies ! Les gros centres, et d’abord Dole, vont en faire les frais. En Franche-Comté, on est dans une situation de crise importante avec le domaine de l’auto et les effets de cette crise ne font que commencer. Comme toutes les fédérations de commerçants, on n’est pas contre la grande distribution mais contre le monopole. On veut pouvoir garder nos magasins de proximité indépendants et sauver nos centres-villes. On est en train de vider la France de toute sa fabrication, les produits fabriqués en Chine sont multipliés par dix ! Il faut sensibiliser le grand public si on veut pouvoir continuer à exister."

REPERES
Si un nouveau village des marques venait à s’implanter à Levernois, à côté de Beaune (Côte d’Or), les principales villes du Jura se retrouveraient dans un rayon de moins de 100 kilomètres. Voici les distances, à vue de GPS :
Depuis Dole : Dole-Troyes : 223 km, 2h20 Dole-Levernois : 66 km, 45 minutes Dole-Bellegarde : 142 km, 1h30
Depuis Lons-le-Saunier : Lons-le-Saunier-Troyes : 273 km, 2h50 Lons-le-Saunier-Levernois : 73 km, 1h20 Lons-le-Saunier-Bellegarde : 95 km, 1h05
Depuis Champagnole : Champagnole-Troyes : 283 km, 3 heures Champagnole-Levernois : 124 km, 1h25 Champagnole-Bellegarde : 130 km, 1h45
Depuis Saint-Claude : Saint-Claude-Troyes : 330 km, 3h50 Saint-Claude-Levernois : 175 km, 2h15 Saint-Claude-Bellegarde : 80 km, 1h10
Depuis Morez : Morez-Troyes : 313 km, 3h30 Morez-Levernois : 155 km, 1 h57 Morez-Bellegarde : 105 km, 1h35


Revue de Presse - Dimanche 15 février 2009
Article paru sur le site
Le Progrès


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